Fiefs de la branche des seigneurs de Montégut

 

Octavien de Roquemaurel reçut la coseigneurie de Soueix de son père. Dans un acte de 1633 il était également qualifié de seigneur de Sabarat (alias Savaret[1]).  Il acheta les seigneuries de Montégut et de Constansac en 1633 et 1637 à Aymeric de Narbonne[2]. Dans son testament du 23 juillet 1658 il était qualifié seigneur de Montégut, baron de Constansac et de Rouze, coseigneur de Soueix[3]. Ces fiefs se transmirent jusqu’à la Révolution, Montégut et la Tour qui prit la suite de Soueix, appartiennent à des descendants de la branche de Montégut.

 

Montégut

 

Village près de Saint-Girons dominé par le château de Montégut à 580 mètres d’altitude. L’origine était un oppidum gallo-romain. Le château est antérieur au XIIème siècle  «  il était constitué d’un donjon massif protégé par une enceinte, dans un site dominant et isolé, qui le tenait à l’écart des incursions pillardes[4]. » Le donjon fut en partie rasé au XVIIème siècle. L’abbé Samiac  décrit ainsi le château : Vu de loin, sous ses dehors bien réduits et peu martiaux, encore aujourd’hui le manoir ne dit rien de gai. On se demande ce qu’il a donc à s’isoler au sommet de sa colline, à s’embusquer au milieu des bois, lourdement enveloppé de murailles sans jours, et pourquoi son donjon tire à peine hors du manteau sa tête plate, et guette sournoisement à travers les branches des chênes. De près, l’impression est la même ; les combes profondes sauvages béant à ses pieds et offrant un labyrinthe de chemins couverts propres aux mauvais coups, le silence qui l’enveloppe, le mystère qu’il semble vouloir cacher à l’intérieur de ses murs noirs, les traces de ses travaux de défense reconnaissables encore sous le maigre gazon et témoignage d’un passé belliqueux, tout cela éveille l’idée d’un nid d’hommes de proie tombé dans le délaissement, d’une retraite hantée peut être encore par des ombres des féodaux. Et l’imagination ne trompe pas.

De 1130 à 1216, en effet, ce château fut pour la pauvre cité de Saint Lizier un repaire de fauves. Dès que Bernard I de Comminges ouvrit la guerre contre elle, le sire de Montégut descendit de son aire, dit la sentence de 1216, pour prêter main forte au mauvais comte. De son coté Odon son frère s’était emparé de Sebtza de Zol, de Noge, de Gajan, des Arans, de l’Escura Vela, c’est à dire 4 à 5 domaines royaux. Les deux sires s’en donnèrent à cœur joie jusque vers 1209. A cette date les événements tout à coup leur donnèrent à réfléchir (croisade contre les Albigeois),  Vital de Montégut mourut en 1211, Odon le suivit bientôt dans la tombe car en 1216 il était décédé.

Centulle d’Astarac, fils de Vital de Montégut (information erronée, il était fils de Rodrigo Jimenez de Urrea, premier mari de Béatrix d’Astarac, laquelle épousa en secondes noces Vital de Montégut) dut être un des ralliés à Simon de Montfort. Le 22 décembre 1216 Centulle d’Astarac, la veuve et le fils d’Odon de Montégut se présentèrent par-devant Amanieu, évêque de Tarbes et Grimoard, évêque de Comminges, pour faire trancher par ces deux arbitres les contestations.

Les seigneurs de Montégut que certains prenaient pour des minces hobereaux, étaient riches. Les libéralités faites au siège de Couserans par les ancêtres d’Odon témoignent de domaines nombreux. En 1211, Vital lui-même donnait à la commanderie de Thor Boulbonne la forteresse de Camarade acquise en 1211 du chevalier Arnaud de Lisle. Ils étaient de haute lignée, peut être comme les barons d’Aspet, leurs voisins à Montgauch et Bader un rameau de la maison comtale de Comminges.

Entre 1191 et 1195 Vital de Montégut avait obtenu la main de Béatrix, l’héritière du comté d’Astarac ; de cette femme Vital de Montégut paraît avoir eu un fils unique (information erronée, voir ci-dessus) Centulle d’Astarac. A sa mort survenue en 1211, Vital de Montégut laissa à Centulle outre le comté d’Astarac, des domaines en Couserans, qu’à son tour Centulle donna vers 1230 à son fils cadet Centulle II.

Les sires de Montégut étaient parmi les plus hauts vassaux des comtes de Comminges. Vital de Montégut fut un des six chevaliers donnés comme caution par Bernard IV de Comminges dans son contrat de mariage, en décembre 1197, avec Marie de Montpellier ; par rang de dignité il y est nommé le deuxième immédiatement après Raymond, comte de Toulouse.

Leur descendant, Bernard de Montagu, baron de Montbrun, de Montagu et en partie de Prat, décédé avant le 1er octobre 1294, maria sa fille unique Anglésie, dame de Montagu ( Montégut était nommé à l’époque Montagut ou Montagu ), avec Thibaut de Lévis, deuxième fils du seigneur de Mirepoix. Thibaut de Lévis devint seigneur des baronnies de Montbrun et de Penne[5] et seigneur de Montégut. Ils eurent 3 enfants : Thibaut II, baron de Montbrun et seigneur de Penne, qui épousa Séguine de Comminges, fille d’Arnaud de Comminges, vicomte de Couserans ; Gaillarde, dame de Montagu qui épousa Guillaume de Narbonne. Ceux-ci furent les auteurs de la branche des seigneurs de Montagnac, éteinte dans Jean et Amalric de Narbonne, morts mineurs en 1361 et Anglésie de Montagu dont on ignore la destinée.

 On ne sait ce qu’il advint de Montégut à cette époque mais on trouve Pierre de Méritens établi à Montégut en 1389, on ne connaît pas les raisons de cet établissement. Son héritière au XVIème siècle, Jacquette de Méritens, dame de Montégut l’apporta à son mari N…d’Ornézan. Leur fille Philiberte d’Ornézan l’apporta à son mari Aimery de Narbonne, vicomte de Saint-Girons et de Couserans. Amalric (alias Amaury) de Narbonne vendit Montégut à Octavien de Roquemaurel. Son fils, Jean de Roquemaurel était seigneur baron de Montégut en 1680, son fils Paul était vicomte de Montégut, titre que portèrent ses successeurs jusqu’à la Révolution.

Sa descendante au XIXème siècle, Suzanne de Roquemaurel qui avait hérité de Montégut, épousa Auguste Sentenac, c’est leur descendant Etienne Jalenques qui  possède actuellement Montégut.

L’église de Saint-Jean de Montégut en contre bas du village dans laquelle ont été baptisés et enterrés nombre de Roquemaurel-Montégut a un magnifique porche qui vient d’être restauré. L’intérieur, notamment le baptistère est également très beau. Le village possède également une chapelle.

 

Le moulin de Lédar, sur la Lez était le moulin de Montégut. Plusieurs actes indiquent les fermiers et le montant des baux[6].

 

L’Isle de Lédar

Jourdain de Roquemaurel était qualifié de seigneur vicomte de Montégut, de Rouze et de l’Isle de Lédar. L’Isle est un toponyme d’âge roman indiquant une construction seigneuriale, c’est probablement la raison de l’appellation d’un fief de Lédar.

 

Constansac (alias Coustensac)

La carte de Cassini fait apparaître un fief de Constansac, probablement une tour ou un château à l’origine, sur un piton à environ 1.500 mètres de Montégut. C’était le siége d’une baronnie dont se titra la branche de Montégut. Il n’en reste qu’une ferme.

 

Rouze

Village avec tour ou  château dans la montagne, à 1.100 mètres d’altitude,  à environ 1.500 mètres à vol d’oiseau de Couflens dans la haute vallée du Salat. On ne peut l’atteindre que par le GR 10. De l’extrémité de la route carrossable on aperçoit des ruines d’habitations et une tour. Rouze fut rattaché à Oust en 1792.

Octavien de Roquemaurel était baron de Rouze, ses successeurs furent vicomtes de Rouze. L’intérêt de la seigneurie devait résider dans la forêt. Il y avait également une forge.

 

 

 

 

 

 

 

Forge du Garbet

 

Paul de Roquemaurel construisit ou reconstruisit la forge du Garbet[7] à environ 1.500 mètres au sud-ouest d’Oust sur la rive droite du Garbet, en 1724[8]. Cette forge dite la forge vieille fut l’objet d’un litige en 1786 entre le seigneur d’Oust et Jean Jacques de Roquemaurel, vicomte de Montégut. Le seigneur d’Oust voulait faire payer un droit d’albergue de 20 livres par an, Jean Jacques de Roquemaurel s’y opposa disant qu’il était seigneur haut justicier du terrain sur lequel la forge avait été construite et qu’il avait droit de cours d’eau. Cette forge dont les conditions fixées par l’échange[9] limitait l’exploitation à 200 feux par an, travaillait 8 à 11 mois par an au XIXème siècle. A partir de 1856 son roulement devint très irrégulier et elle s’arrêta en 1864.

Sur l’emplacement de la forge a été construite par Guy de Roquemaurel de Lisle en 1911, la Grande Fromagerie des Camemberts d’Oust.

Un peu en amont sur la rive gauche du Garbet s’était construite en 1775 la forge neuve. L’habitation datant de 1787 et les terres ont été achetées au début du XIXème siècle par Maurice de Roquemaurel Saint-Cernin, elles ont été conservées jusqu’à la fin du XIXème siècle, époque à laquelle la branche de Roquemaurel Latour qui en avait hérité, s’est éteinte. La propriété appartient actuellement à la famille Galy-Gasparrou. Ernest de Roquemaurel avait légué à sa nièce Sidonie de Roquemaurel, qui avait épousé Jules Faydit de Terssac, l’usine dite d’en-bas, avec les droits inhérents, le canal d’amenée, les terres voisines et l’île qui est en face, ces biens sont en aval de La Forge.

 

La Tour

 

On trouve le fief de Soueix mentionné sous le nom de la Tour pour la 1ère fois au XVIIIème siècle. Jean-Jacques de Roquemaurel, frère cadet de Paul de Roquemaurel, était seigneur de la Tour, il n’eut pas de descendance (c’est lui qui fut assassiné en 1731.)[10]

On trouve, deux générations après, Jean-Jacques de Roquemaurel, vicomte de Montégut, habitant la Tour. Son fils aîné, Jourdain de Roquemaurel était baron de la Tour, comme le furent ses successeurs (Montégut était revenu au frère cadet de Jourdain,  Nicolas-Melchior de Roquemaurel, vicomte de Rouze)

C’est, sous un autre nom, le plus ancien fief de la maison de Roquemaurel en Couserans, maintenu dans sa descendance.

 

Vic

 

Vic était le chef-lieu (vicus) du pagus du Haut-Salat, l’oppidum dominait la plaine de Vic. Le château aurait été donné en dot à Hyacinthe de Lomagne à l’occasion de son mariage avec René Balbi, tige de la famille de Cabalby[11]. Il était constitué à l’origine d’un corps de logis avec des tours aux quatre coins et fermait le village avec l’église[12],[13].

Jean de Roquemaurel avait des terres à Vic comme en témoigne l’acte de 1666, cité à propos de Soueix. Le château fut détruit par un incendie «  constaté par un verbal des consuls d’Oust, visé dans un relaxe de Maximilien Ca’Balbi, seules deux tours ont survécu à cet incendie : une accotée contre le château actuel, l’autre intégrée dans des habitations du village. »[14]

 

 

Le manoir construit à partir de la tour subsistante, a été la résidence de la branche de Roquemaurel de Lisle, issue d’Auguste de Roquemaurel de Lisle qui y est né. Il est, suite à un arrangement familial, destiné à Richard de Méritens, qui y habite. Il est le petit-fils de Noémie de Roquemaurel et de Louis de Méritens de Villeneuve. Ce manoir est nommé manoir de Roquemaurel dans des guides des Pyrénées.

 

Les immeubles et les terres dépendant de Vic et d’Oust que possédaient la branche de Lisle au début du 19ème siècle apparaissent dans un contrat du 18 novembre 1838, qui en fixait la répartition entre Auguste de Roquemaurel de Lisle et sa sœur Félicie de Roquemaurel : château de Vic, immeubles à Oust, grange et maison d’Oust, métairie d’Oust, métairie du château, métairie de Nive d’Ase, métairie de Foursous, cette dernière sur les communes de Soueix, Soulan et Vic et diverses autres terres( la Vigne, Girons, la Porte)[15] ; la métairie de Foursous et la terre de la Vigne, figurent sur la carte I.G.N au 1/25.000.

 

L’église de Vic, Notre-Dame de Vic, est remarquable, elle fut longtemps un lieu de pèlerinage. Contre le mur nord on voit une pierre tombale, ci-gît la famille de Roquemaurel, il y a d’autres tombes de la famille dans le cimetière.

 

A quelques centaines de mètres au sud de Vic on peut voir «  le hameau de Roquemaurel. »

 

Oust

Guillaume de Roquemaurel habitait Oust en 1555[16], Jean de Roquemaurel y avait des terres  en 1666. La biographie de Maurice de Roquemaurel dit qu’il rentra dans son château d’Oust à sa retraite en 1826[17]. Ce château est en fait le manoir de la Forge.

La branche de Lisle avait des terres, une maison et grange et une grande maison à Oust qui fut vendue au XXème siècle. Cette maison est celle représentée ci-contre.

La paroisse d’Oust avait 2.650 habitants en 1792, elle avait été réunie à celle de Vic et incluait les quartiers de Rouze qui dépendaient auparavant de la paroisse de Saint-Lizier d’Ustou, elle incluait également Conflens et Salau.

 

Sabarat

 

Le seul Sabarat trouvé est un village à 25 km Au nord-est de Saint-Girons, très loin des autres fiefs Roquemaurel. Octavien de Roquemaurel était seigneur de Sabarat en 1633[18]. Ce fief n’apparaît plus ensuite.

 

 

Saint-Girons

Raymond de Roquemaurel  habitait Saint-Girons et devait donc y avoir une maison. Guillem (Guillaume) de Roquemaurel, écuyer, avait en 1561 une maison, rue Sainte-Geme (devenue rue de la République) à Saint-Girons, touchant au mur de la ville[19]. D’autres après lui habitèrent Saint-Girons ; Auguste de Roquemaurel habitait rue Sainte-Geme en 1803, il habita ensuite rue Saint-Valier ; Nicolas Melchior de Roquemaurel de Rouze habita rue Villefranche.

 

Vicomté de Couserans

La vicomté de Couserans était à l’origine constituée du bassin du Salat entre Garonne et Ariège. A la suite de démembrements elle était constituée à partir du XVIème siècle de la vallée du Haut-Salat.

Jean de Roquemaurel reçut l’autorisation en 1669 de porter le titre de vicomte de Couserans[20], il ne semble pas s’en être qualifié. Son fils Paul était qualifié de coseigneur des terres du Couserans. Son fils Jourdain était qualifié, dans les actes, de vicomte de Couserans ou de coseigneur de la totalité des terres de la vicomté de Couserans.

 

 

Carte établie par Guillaume Geraud-Parracha

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sières

La métairie de Sières apparaît dans un acte de 1625, elle est située sur la rive droite de la rivière Lez, un peu en amont de Lédar (qui est sur la rive gauche).

Château de Cazères

 

Paul de Roquemaurel était qualifié coseigneur du château de Cazères[21]. Ce château datant du XIIème siècle a été démoli en 1853. Le corps de logis rectangulaire (28 mètres de long, 10 mètres de large) était flanqué de quatre tours rondes en encorbellement. Le donjon en saillie de l’édifice formait une grosse et haute tour carrée de 6 mètres de large[22].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                         

 

 

 

 

 

 

 



[1] AD.HG. 3 E 16694

[2]Maurice Vuillier

[3] P.M.

[4] Anciens châteaux du pays de Couserans, op.cité

[5] La Chenaye-Desbois tome XII, p. 23

[6] ADA  5 E 7268 Saint-Girons, en 1702

[7] Elle figure sous le nom de Forge sur la carte de Cassini.

[8] AD.HG. 3 E 16171 Palaminy.

[9] Echange entre le minerai qui venait du comté de Foix et le charbon de bois produit en Couserans.  Les termes de l’échange remontaient à 1347, Guillaume Geraud Parracha, op.cité, p.86

[10] La Tour figure sous ce nom sur la carte de Cassini.

[11] Légende, voir la note sur cette famille

[12] L. de Froidour dit qu’il y avait une tour et corps de logis en 1667

[13] Vic en Couserans, approche de l’Histoire, op. cité

[14] Vic en Couserans, approche de l’Histoire, op. cité

[15] A. Méritens, Adolphe Dessort, notaire à Ustou ; copie AJR

[16] Abbé Fauroux

[17] Grands notables du Premier Empire, op. cité

[18] AD.HG. 3 E 16694

[19] Abbé Samiac, 15 janvier 1561

[20] Arcivhes de Roquemaurel-Saleich ; A.J.R

[21] AD.HG  3 E 9409 Cazères, 22 avril 1728

[22] Emile Espagnat, op.cité