Fief d’origine : Soueix

 Ce fief doit son nom au village de Soueix dans la vallée du Haut-Salat. C’est aujourd’hui un chef-lieu de commune après avoir été une paroisse.

Il comprenait entre autres les villages et hameaux de Saint-Sernin et de l’Isle[1] au nord dont Maurice de Roquemaurel et Auguste de Roquemaurel se qualifièrent, Coumélégue, Serre Cabère, le Taus, Eschartous, etc.  Il devait être limité par Vic au sud. Sa limite nord était la vallée de l’Arac qui le séparait de Soulan, la frontière commune entre ces deux seigneuries s’étendait sur deux lieues environ[2].  Son étendue à l’est et à l’ouest n’est pas connue. Ce fut le premier fief de la branche de Roquemaurel du Couserans.

Il apparaît en 1448[3]. Le château de Soueix, d’après les fouilles effectuées au château de la Tour qui lui a succédé, datait du XIIIème siècle ( l’Atlas des châteaux forts parle d’une tour du XIVème siècle [4]), il faisait partie d’une suite de châteaux le long de la vallée du Salat, destinés au verrouillage de cette vallée ou au refuge des habitants en cas d’invasion, du sud vers le nord : Seix, Oust, Vic, Soueix. On pense que Soueix était averti de l’arrivée ennemie par des feux ou fumées du château de Mirabat sur un piton au sud, à 1272 mètres d’altitude. « Les ruines de fortifications du bâtiment du XIIIème siècle ont été retrouvées assez loin du corps (de logis) actuel prouvant la fonction de défense du château de la Tour, régulièrement modifié au cours des âges[5]. »

Le petit château qui lui succéda, la Tour, a été bâti à partir du donjon après l’incendie de 1567 dans lequel périt Arnaud de Roquemaurel. Il était dans une île qui s’était formée dans le Salat, d’après une description de Louis de Froidour en 1667. Le château de la Tour a conservé les murs, une échauguette et des archères du donjon d’origine, dont il a conservé les dimensions : 10 mètres par 10 mètres.

Il apparaît sous le nom de la Tour de Soueix en 1648[6]. Louis de Froidour, en 1667, l’appelle château de Roquemaurel, c’est également le nom sous lequel il apparaît dans l’Atlas des châteaux forts. Il appartient à M.Didier Lemasson, descendant d’Eudoxie de Roquemaurel de Lisle.

Les droits de haute, moyenne et basse justice des biens nobles et ruraux de Soueix, Vic et Oust, de Jean de Roquemaurel, dépendants de la vicomté de Couserans, ont été achetés par  Jean de Roquemaurel à Paul Gabriel de Foix de Mauléon, seigneur vicomte de Couserans, le 19 février 1666, par ce même acte Paul Gabriel de Foix reconnaissait que Jean de Roquemaurel jouissait depuis un temps immémorial               Village de Soueix.

dans toute l’étendue de la vicomté de Couserans des droits de chasse, de pêche, de préséance avant les consuls, des bancs avec accoudoir aux églises et tous droits honorifiques tant pour placer des girouettes que créneaux et bâtir des pigeonniers à quatre piliers que autres, il pouvait aussi faire des viviers et placer des nasses sur le Salat et autres ruisseaux, faire couper du bois de sapin et de hêtre dans les forêts de la vicomté tant pour son chauffage que pour des bâtisses et pour l’usage de ses bordiers ; par un acte complémentaire du 19 octobre 1669 Paul Gabriel de Foix consentait à ce que Jean de Roquemaurel jouisse annuellement de douze livres de censives dans sa vicomté de Couserans, à prendre et s’en faire payer sur les consuls de Soueix, et en conséquence qu’il pourrait prendre le titre de coseigneur direct de Soueix et de vicomte de Couserans, ce droit pour lui et ses successeurs à perpétuité [7].

La paroisse de Soueix avait en 1792 environ 1.000 habitants[8], elle en a actuellement une centaine.

Les tenants de ce fief avant Raymond de Roquemaurel ne sont pas précisés, toutefois la justice de ce fief  relevait en 1666 de Paul Gabriel de Foix de Mauléon, vicomte de Couserans, successeur des Foix, vicomtes de Couserans, eux-mêmes successeurs des  Comminges, vicomtes de Couserans, il est très probable que ces droits provenaient des Comminges, ce qui explique que les Roquemaurel étaient qualifiés coseigneurs de Soueix. Ceci suggère que cette coseigneurie de Soueix avait été donnée par les Comminges ou leurs héritiers à Raymond de Roquemaurel, ce qui implique que ce dernier ait épousé une demoiselle de Comminges qui lui avait apporté ses droits sur Soueix ou l’héritière d’une famille qui tenait Soueix de la famille de Comminges, par mariage avec une Comminges.

Le moulin de la seigneurie de Soueix avait été vendu par les auteurs de Jean de Roquemaurel à ceux de Paul Gabriel de Foix de Mauléon, ainsi que cela apparaît dans l’acte de vente des droits de justice de Soueix du 19 février 1666 ; cet acte rappelait que Jean de Roquemaurel et ses successeurs avaient droit de mouture franche dans ce moulin et que Jean de Roquemaurel et ses successeurs avaient le droit de bâtir sur le Salat ou autres ruisseaux un autre moulin à blé pour les habitants de Soueix, Rogalle et Vic, et le droit de bâtir des moulins à papier, à scie, à foulon et à huile.

 



[1] Le toponyme Isle d’âge « roman » (XIème et XIIème siècles) indique comme les toponymes motte, roque, fossat, etc., une construction seigneuriale. Histoire de la population française, t.I, p.229. PUF, 1988

[2] La lieue du Languedoc équivalait à 5,8 kms

[3] Abbé Samiac, BSA t.VII  p. 158

[4] Atlas des châteaux forts

[5] J.Laffont, Les Cahiers du Couserans, n°3, octobre-novembre 1989

[6] Contrat de mariage de Lucrèce de Roquemaurel avec Pierre-Jean de Faudoas le 13 novembre 1648. Maison de Faudoas, tome 2 p.384

[7] A.D.A 94 J 104

[8] Loi n°2158 relative à la circonscription des paroisses du district de Tarascon, Saint-Girons et Mirepoix, du 11 août 1792(an IVème de la Liberté)